Sylvie n’avait pas de problème de santé. Malgré ses 125 kilos. Mais elle ne supportait plus son corps. C’était il y a six ans. Aujourd’hui, à 37 ans, elle pèse 50 kilos de moins et n’a jamais été aussi bien que depuis qu’elle a perdu quelques formes. Elle témoigne.
Témoignage : elle perd 50 kilos grâce au bypass

J’ai toujours été ronde, même étant enfant
Un bon appétit, un patrimoine génétique familial, puis, adolescente, j'ai commencé à souffrir de troubles du comportement alimentaire. Pas de véritables crises de boulimie, mais une tendance certaine à me réfugier dans la nourriture dès que je n'arrivais pas à gérer mes émotions, qu'elles soient négatives ou positives : j'étais alors capable d'enchaîner deux repas complets d’affilée, ou de chercher compulsivement la première pâtisserie venue pour avaler le plus vite possible quatre ou cinq gâteaux.
En 2020, j'ai entamé un travail psychologique pour tenter de comprendre et traiter mon problème de poids, sans véritable résultat. Je multipliais les régimes, perdais un peu, reprenais plus encore. Les kilos s'accumulaient. A partir de 100 kilos, douloureuse barrière franchie vers l'âge de 30 ans, j'ai cessé de me peser.
Ma petite sœur avait honte de moi
Début 2021, le déclic s'est produit lorsque j'ai compris que ma petite sœur avait honte de moi quand j'allais la chercher à l'école. Mon IMC (Indice de masse corporelle) dépassait les 43, soit une obésité dite « morbide ». Je devais faire quelque chose. De radical.
Après avoir suivi le protocole préopératoire obligatoire, je me suis fait poser un anneau gastrique en novembre de la même année. Le principe de cet anneau est de limiter la prise de nourriture en réduisant la taille de l'estomac. J'ai commencé à perdre du poids...puis à le reprendre : l'anneau était mal positionné et impossible à resserrer, donc inefficace. J'ai consulté un autre chirurgien, qui m'a retiré ce premier anneau pour m'en poser un nouveau.
Hélas, quelques mois plus tard, il m'a fallu me rendre de nouveau à l'évidence : toujours en proie à mes troubles alimentaires, et à cause de mon travail de nuit qui ne favorisait pas un rythme de vie régulier propice à la perte de poids, j'avais appris à « contourner » cet anneau : je mangeais très lentement, mais continuellement, et en particulier des aliments sucrés et non solides qui ne me faisaient pas vomir. Sur la balance, j'affichais à nouveau 125 kilos et je déprimais complètement.
Après l'échec de l'anneau, j'ai tenté le bypass
Mon chirurgien m'a alors parlé du by-pass, et, en mars 2022, j'ai décidé de tenter ce que je concevais comme l’opération de la dernière chance. Le bypass gastrique réduit la taille de l'estomac. Pour ce faire, il en court-circuite une bonne partie, ainsi qu'environ un mètre d’intestin.
La prise alimentaire est donc également diminuée. La réussite de la perte de poids dépend ensuite d'une alimentation surveillée, modérée et équilibrée, de la pratique d'une activité sportive et, surtout, d'un bon suivi pluridisciplinaire : chirurgical, nutritionnel et psychologique, que je respecte scrupuleusement.
J'ai assez vite repris une alimentation normale, mais en petite quantité, parce que je me sens beaucoup plus vite rassasiée. De toute façon, mon corps ne m'autorise plus à manger avec excès, ni trop sucré ni trop gras : dans ce cas, il tire une sorte de sonnette d'alarme appelée le « dumping syndrome », c'est-à dire des nausées, des sueurs et des diarrhées quelques minutes après I'ingestion. Un phénomène qui se révèle fort utile lorsqu'on est gourmande et qu'on a parfois tendance à craquer un peu... Enfin, je dois prendre chaque jour deux comprimés de compléments vitaminés, de calcium et de fer.
Je m'habille à nouveau en boutiques « normales ». Aujourd’hui, ma vie a changé. J'ai perdu 50 kilos, soit sept tailles de vêtements, j'ai repris confiance en moi et, surtout, vaincu mes troubles du comportement alimentaire : pendant plusieurs mois, mon nouveau psychiatre, comportementaliste, m'a appris à repérer les émotions et pensées qui déclenchaient chez moi une crise de type boulimique, et à leur trouver une réponse autre qu'alimentaire. Travail de longue haleine et parfois difficile, mais qui a porté ses fruits.
Autre nouveauté : je découvre la notion de satiété, cette satisfaction de poser ma fourchette même si je n'ai pas fini mon assiette. Cela ne m'empêche pas d'avoir une vie sociale normale ni de m'adonner au plaisir de la cuisine. De plus, j’ai pu me remettre au sport, par plaisir, mais aussi pour tonifier mon corps et éviter les effets néfastes d'une perte de poids importante. Enfin, mon plus grand bonheur a été de pouvoir m’habiller à nouveau dans des boutiques normales, sans me limiter aux rayons grandes tailles de certains magasins !
Je vis de mieux en mieux avec ma nouvelle silhouette, aidée par les réactions encourageantes de mon entourage. Prochain objectif : faire coïncider l'image que les autres ont de moi avec la mienne. Je me vois toujours grosse alors que je ne suis plus que ronde. Phénomène normal, m'a rassurée mon psy, chez les personnes qui ont perdu beaucoup de poids.
Aujourd'hui, j'ai complètement apprivoisé mon bypass. Comme une sorte d'ami, de garde-fou, il me protège de ces pulsions alimentaires qui m'ont gâché la vie pendant si longtemps.