Les enfants placés sont confiés à une famille d’accueil. Cette structure a pour mission d’offrir un cadre sécurisé et stable, qui permet de surmonter progressivement les traumatismes passés et de se reconstruire. Vous aimeriez pouvoir offrir ce type de cadre à un enfant qui a vécu des expériences douloureuses ? On vous explique ci-dessous comment devenir famille d’accueil.
Comment devenir famille d’accueil ?
Qu’appelle-t-on famille d’accueil ou assistant familial ?
La famille d’accueil a pour fonction d’accueillir chez elle un enfant ou un adolescent en difficulté. Elle est rémunérée pour les services rendus. On parle aussi d’assistant familial.
Dans la plupart des cas, la famille d’accueil offre un foyer à des jeunes qui sont placés par les services de protection de l’enfance. Il peut s’agir d’enfants, d’adolescents en difficulté ou encore, plus rarement, de jeunes adultes vulnérables, comme des personnes en situation de handicap physique ou mental.
Pour devenir famille d’accueil, il est nécessaire de suivre le processus de sélection mis en place par les services sociaux, qui encadrent les assistants familiaux.
L’objectif de ce parcours est de déterminer si la famille est apte à prendre soin d’une personne en situation de vulnérabilité, de lui offrir un environnement sécurisé, dans un cadre de vie stable et attentionné, qui remplace le cadre familial d’origine.
Le placement de l’enfant, de l’adolescent ou de l’adulte en situation difficile peut durer de quelques jours à quelques années. Tout dépend des besoins de la personne accueillie dans ce nouveau foyer.
La famille d’accueil est tenue de veiller au bien-être de la personne qu’elle reçoit en son sein et, lorsqu’il s’agit d’enfants ou d’adolescents, de s’occuper de son éducation. Elle contribue au développement harmonieux de la personnalité, en apportant un soutien à la fois affectif et matériel.
Le rôle et les missions de la famille d’accueil
Devenir famille d’accueil : mission principale
Le rôle principal d’une famille d’accueil est d’offrir à la personne en situation de vulnérabilité un foyer sécurisé et chaleureux.
Il ne s’agit pas de se substituer affectivement aux parents de l’enfant ou de l’adolescent, mais d’apporter la stabilité d’un cadre familial structuré à des jeunes que leur environnement d’origine a déstabilisés, en raison des problèmes rencontrés. Ce rôle est temporaire, même si nous avons vu qu’il peut se prolonger, parfois plusieurs années.
La situation la plus fréquente consiste à accueillir des enfants qui ont été confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance par le juge ou à la demande de leur famille. Ces enfants se trouvent dans un cadre marqué par les carences éducatives, de la maltraitance ou encore de la négligence.
Avant de devenir famille d’accueil, il faut savoir à quoi s’attendre : les enfants peuvent avoir des troubles du comportement, des troubles affectifs, ou encore présenter des difficultés scolaires.
La plupart ont vécu des situations familiales difficiles et conservent des séquelles de traumatismes divers. Le rôle de la famille d’accueil est de les aider à reprendre confiance en eux.
Conditions de l’accueil
Les conditions de l’accueil peuvent sensiblement varier. Le séjour de l’enfant est généralement de longue durée, mais vous pouvez aussi être sollicité pour un accueil d’urgence, qui sera dans ce cas de courte durée.
Gardez à l’esprit que l’objectif est que l’enfant puisse retourner dans sa famille. Il peut être accueilli en situation d’urgence, pour une durée de 15 jours à 1 mois, de manière intermittente, pour une durée inférieure à 15 jours, ou de manière permanente, au-delà d’un mois et jusqu’à plusieurs années.
Dans cette dernière situation, il passe la plupart de son temps en famille d’accueil : le jour et la nuit, les week-ends, les vacances scolaires. Dès que les services sociaux le permettent, il peut retourner passer quelques jours auprès de ses parents.
Les missions de l’assistant familial en détail
- Offrir un foyer sécurisé : fournir un logement adapté, une nourriture saine, la protection contre les abus.
- Prendre en charge les besoins matériels quotidiens
- Offrir un cadre chaleureux : être disponible pour apporter un soutien émotionnel, écouter, conseiller, soutenir ; faire preuve de bienveillance ; favoriser l’épanouissement et le développement de l’enfant.
- Socialiser l’enfant ou l’adolescent : veiller à ce que la personne accueillie se sente à sa place ; favoriser l’intégration sociale ; contribuer au développement personnel.
- Œuvrer en synergie avec les travailleurs sociaux et les éducateurs : en tant que famille d’accueil, vous devez collaborer avec les professionnels de la santé, les travailleurs sociaux, les éducateurs, afin de prendre en charge l’enfant ou l’adolescent de la meilleure manière possible. Vous devez communiquer régulièrement avec ces partenaires, ce qui permet la réussite de l’accueil.
- Préparer l’enfant ou l’adolescent à une nouvelle phase de sa vie : l’accueil, même s’il se prolonge, est provisoire. L’assistant familial prépare la transition, pour qu’elle s’effectue au mieux. L’enfant peut retourner dans sa famille biologique, il peut aussi, le cas échéant, être adopté.
Les conditions pour devenir famille d’accueil
Critères d'âge et de situation familiale
- L’assistant familial doit être majeur. Les conditions liées à l’âge peuvent légèrement varier selon les régions. Mais de grandes lignes se dessinent.
- L’âge de la personne est apprécié au moment où elle effectue sa demande pour devenir famille d’accueil : entre 25 ans et 65 ans.
- L’assistant familial doit être de nationalité française ou être originaire d’un pays européen.
- Il ne doit pas avoir au moment de la demande des enfant de moins de deux ans à charge.
- L’agrément n’est pas accordé à une femme enceinte.
- Concernant la situation familiale, l’assistant, s’il vit en couple, doit justifier qu’il vit avec son partenaire depuis au moins 3 ans. Les personnes qui ne vivent pas en couple sont éligibles à ce métier.
Critères matériels
Le futur assistant familial doit disposer d’un logement qui est adapté à l’accueil d’un enfant ou d’un adolescent. Dans certains cas, il peut en accueillir plusieurs.
L’objectif est que la résidence soit suffisamment spacieuse, bien entretenue, offre un environnement sécurisé, de manière à permettre à l’enfant de grandir dans un cadre sûr, facteur de bien-être.
L’assistant familial doit disposer d’une chambre pour l’enfant ou l’adolescent. La personne qui souhaite devenir famille d’accueil doit aussi être en bonne santé.
Critères judiciaires
L’assistant familial ne doit pas avoir été condamné suite à des faits en relation avec des enfants.
Le processus de recrutement et d'agrément de l’assistant familial
Avant tout, il faut savoir que les démarches pour obtenir l’agrément afin de devenir famille d’accueil peuvent varier d’un département à un autre. Les différences sont cependant minimes. Nous vous présentons les grandes lignes ci-dessous.
Démarches administratives
Si vous êtes intéressé par les missions de l’assistant familial, la première étape consiste à remplir le dossier Cerfa_13395-02.
Avant cela, vérifiez que vous remplissez les conditions, telles que nous les avons rappelées ci-dessus, à savoir être de nationalité française ou originaire de l’Union européenne ou encore d’un pays de l’Espace économique européen. Les personnes titulaires d’un titre de séjour valide peuvent aussi postuler.
Procurez-vous un extrait de casier judiciaire, afin de le joindre au dossier et de prouver que vous n’avez pas été condamné pour un fait en relation avec des enfants.
Prévoyez aussi le certificat médical qui atteste que vous êtes apte à vous occuper d’enfants. Joignez une copie de votre pièce d’identité.
Le dossier est à envoyer en recommandé avec accusé de réception au conseil départemental du lieu de résidence.
Entretiens et évaluations
Suite à votre candidature, vous serez convoqué à un entretien avec un travailleur social. L’ensemble de la procédure pour devenir famille d’accueil dure environ quatre mois.
Vous serez invité à une réunion d’information, puis ferez l’objet d’une enquête effectuée par les services sociaux du conseil général, par la PMI, la protection maternelle et infantile et enfin l’ASE, l’aide sociale à l’enfance.
Vous rencontrerez à votre domicile des assistantes sociales et aurez un entretien avec un psychologue. L’objectif est de déterminer si vous avez mesuré la portée de votre engagement.
Vous devrez également prouver que vous maîtrisez le français et que votre logement est suffisamment grand. Les différents travailleurs sociaux évaluent votre mode de vie et votre capacité à dialoguer, ainsi qu’à réagir à des situations variées, parfois difficiles liées à l’accueil d’enfants placés.
A l’issue de l’enquête, vous obtenez un agrément pour 5 ans. Cet agrément précise le nombre d’enfants que vous pouvez accueillir.
Formation initiale et continue
Néanmoins, il ne suffit pas de l’agrément pour devenir famille d’accueil. Vous devez encore suivre une formation avant de recevoir le premier enfant à votre domicile. La formation initiale se compose d’un module de 60 heures.
Par la suite, vous devrez continuer à vous former. Le nombre total d’heures nécessaires est de 240. Cette formation continue s’étale sur 18 ou 24 mois. Elle porte sur la psychologie de l’enfant, mais aussi sur les aspects juridiques et éducatifs du métier de famille d’accueil. La formation s’achève par un diplôme d’Etat d’assistant familial ou DEAF.
Vous pouvez exercer avant d’avoir obtenu le diplôme. Néanmoins, lorsque vous en serez titulaire, votre agrément sera renouvelé automatiquement.
Les obligations et responsabilités d'une famille d'accueil
Suivi et accompagnement de l'enfant accueilli
L’assistant familial commence par réaliser une évaluation des besoins de l’enfant qu’il accueille. Il s’informe des antécédents familiaux, prend connaissance des questions de santé le concernant et de son développement au moment où il arrive au domicile. C’est ce qui permet à la famille d’accueil de prendre en compte les besoins particuliers de l’enfant.
L’objectif, nous l’avons vu, est de lui offrir de la stabilité et de la sécurité. L’enfant peut avoir vécu des expériences traumatisantes. L’important est de prévoir une routine sécurisante et de laisser à l’enfant le temps de s’adapter.
La famille d’accueil apporte aussi un soutien émotionnel, face aux sentiments de tristesse, de confusion ou encore à l’anxiété. Il s’agit d’établir une relation de confiance.
L’assistant familial veille à ce que l’enfant ait accès aux soins médicaux, au soutien scolaire si nécessaire ou encore à des activités sportives. Il apporte son soutien à l’éducation et aux apprentissages scolaires.
Collaboration avec les services sociaux et les parents biologiques
La famille d’accueil n’est pas seule à remplir les missions que nous venons de citer. Elle inscrit son action dans un cadre pluridisciplinaire qui comprend les travailleurs sociaux, les psychologues, les enseignants, ou encore les groupes de soutien pour assistants familiaux.
Les parents biologiques font partie de cette équipe chaque fois que cela est envisageable et, dans la plupart des cas, ils conservent l’autorité parentale. La famille d’accueil doit donc demander régulièrement des autorisations concernant la vie de l’enfant.
Parfois, la relation avec les parents biologiques peut se révéler complexe, voire conflictuelle. L’assistant familial doit alors s’appuyer sur l’aide des travailleurs sociaux et faire preuve de diplomatie.
Confidentialité et respect des droits de l'enfant
La famille d’accueil est au courant des antécédents de l’enfant et doit faire preuve à cet égard de la plus totale discrétion. Elle doit scrupuleusement garder pour elle ce que les services sociaux lui ont confié.
Elle doit aussi éviter de porter des jugements sur la famille biologique. L’objectif, rappelons-le, est de remplacer de manière provisoire les parents de l’enfant. Ce dernier doit pouvoir, à terme, y retourner.
L’assistant familial veille à respecter les droits de l’enfant et ceux de sa famille biologique, en prévoyant des visites régulières, lorsque c’est possible et autorisé par le juge des enfants. La justice procède d’ailleurs à des évaluations régulières de la situation, dont l’assistant familial est informé.
Quelle rémunération et avantages sociaux pour être assistant familial ?
Un assistant familial est rémunéré. Il bénéficie aussi d’avantages sociaux. Il s’agit d’un véritable métier, reconnu, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, par un diplôme d’Etat.
L’assistant familial est un salarié et sa rémunération dépend du nombre d’enfants qu’il accueille, ainsi que de la durée de leur présence à son domicile.
Le montant est calculé à partir du Smic et est fixé par le conseil départemental. La rémunération comprend :
- le salaire à proprement parler ;
- des indemnités lorsque l’enfant est absent ;
- une indemnité pour congés payés ;
- une prime d’ancienneté ;
- une majoration pour sujétions exceptionnelles (enfant malade ou handicapé).
Salaire d’un assistant familial
- 1 enfant : 120 X smic horaire brut.
- 2 enfants : 190 X smic horaire brut.
- 3 enfants : 271,5 X smic horaire brut.
Ce salaire est versé si l’enfant est en accueil permanent, soit au moins 15 jours consécutifs par mois. En cas d’accueil intermittent, l’assistant familial touche quatre fois le smic horaire par jour et par enfant.
Les indemnités
- Indemnité entre les périodes d’accueil : 2,8 heures au smic horaire par jour.
- Majoration pour sujétion exceptionnelle, soit maladie ou handicap : 15,5 heures de smic horaire par mois et par enfant.
- Indemnité pour accueil d’urgence : 2,25 heures de smic horaire par jour.
Les conseils pour réussir en tant que famille d'accueil
Les défis et les joies de la vie en famille d'accueil
Les familles d’accueil jouent un rôle central dans la vie des enfants qu’elles hébergent chez elles. La mission consiste à offrir de la stabilité et de la sécurité, ainsi qu’un soutien affectif.
L’assistant familial peut connaître un vrai sentiment de joie face à cette relation d’aide. Pour nombre d’entre eux, il s’agit d’une vraie vocation. Mais il ne faut pas pour autant oublier les difficultés rencontrées et les nombreux défis.
Le temps d’adaptation de l’enfant peut constituer une période difficile, avec de nombreuses tensions. En raison des traumatismes subis, l’enfant peut manifester des troubles du comportement et des défis relationnels peuvent apparaître.
L’assistant familial doit parfois assister à des réunions avec les travailleurs sociaux ou remplir des dossiers, tâches qui se révèlent chronophages. Mais le plus grand défi est certainement affectif, puisque l’accueil est destiné à prendre fin et que la séparation peut être difficile.
En contrepartie, l’assistant familial a la joie de faire la différence dans la vie d’un ou de plusieurs enfants. Il a le plaisir de le voir se confier et retrouver son équilibre. Il participe à son développement. La famille d’accueil peut faire preuve d’empathie et créer des liens durables.
Astuces pour favoriser l'intégration de l'enfant accueilli
Vous souhaitez offrir un cadre chaleureux à un enfant et lui permettre de se développer harmonieusement ? Voici quelques conseils.
- La communication joue un rôle central. Il est important que l’enfant vous fasse confiance, vous devriez donc l’encourager à exprimer son ressenti ou ses attentes. De votre côté, fixez les règles et expliquez-les de manière claire.
- Structurez la nouvelle vie de l’enfant autour de routines, veillez aux horaires réguliers, pour plus de stabilité. C’est le cas pour les repas, le coucher, les activités.
- Pensez à valoriser l’enfant et les efforts qu’il accomplit. Mettez-le en confiance, offrez-lui un soutien émotionnel, soyez présent, rassurez-le.
- Ne précipitez rien, il faut à l’enfant le temps de s’habituer à sa nouvelle vie. Accordez-lui de l’attention et de l’affection, faites preuve d’empathie, jouez avec lui ou proposez-lui de participer à vos activités. Prenez le temps de parler avec les enfants.
- Faites preuve de beaucoup de patience.
- N’hésitez pas à demander de l’aide aux travailleurs sociaux en cas de problèmes persistants.